Miyuki ouvrit les yeux. Elle fut tentée de les frotter dans un geste machinal, mais se souvint qu'elle était maquillée et se retint de le faire. Elle avait passé des heures devant son miroir pour parfaire son déguisement !
Elle fouilla la pièce du regard, à la recherche de Lysandre et Suigintô. Leur soirée d'Halloween avait été un véritable désastre ! Elle aperçut les cheveux blond clair mêlés de brun de son ami, déjà réveillé. Il observait une horloge ancienne avec intérêt, n'accordant visiblement aucune importance à son amie.
-Hé ! Lysandre, appela-t-elle, je suis là ! Viens m'aider à descendre, j'ai passé des heures à travailler sur mon costume, je ne veux pas l'abîmer !
Miyuki se trouvait en effet assise sur une solide étagère. Comment c'était-elle retrouvée là ?
Le garçon tourna la tête vers elle, l'air soudain soulagé.
-Miyuki ? C'est toi ?
-Qu'est-ce que tu attends ? s'impatienta Miyuki, qui voulait absolument sortir de ce lieu oppressant, Et
où est Suigintô ? Elle n'est jamais là quand on a besoin d'elle !
-Heu, je veux bien, mais je peux pas bouger.
-Comment ça ?
Miyuki se pencha en avant, prenant garde à ne pas tomber. Son était toujours assis au même endroit, parfaitement immobile, l'horloge entre les mains.
-L... Lysandre ?
-Oui ?
Miyuki retint un cri d'effroi. Les lèvres de son ami n'avait pas bougé lorsqu'il avait parlé !
-Qu'est-ce qui c'est passé ? s'écria la jeune fille, sentant l'affolement la gagner.
Le visage de Lysandre ne bougea pas quand il répondit:
-J'ai touché une horloge bizarre, et maintenant le temps c'est arrêté pour moi...
Miyuki soupira, et sauta de son perchoir avec une certaine appréhension. Elle atterrit sur un parquet poussiéreux, et fronça les sourcils. Quelque chose l'avait interpellé: Sur le sol, on distinguait clairement les empreintes de pas de Lysandre. Pourquoi celles de la personne qui les avait emmené dans cette pièce ne s'y trouvaient pas ? Et où était Suigintô ?
Elle s'approcha de Lysandre. Les lattes en bois craquèrent sous ses pieds. Elle contourna soigneusement son ami, puis aperçu, gravée au dos de l'étrange horloge, une minuscule inscription:
Zeit hört dank mir auf.
Aber der Zauber, der diesen Fluch zerbricht, ist nicht weit.
Elle la lu à voix haute, puis interrogea Lysandre.
-C'est quoi cette langue ? Parce que ça me dit un truc, mais c'est un truc que je ne sais pas parler...
-C'est de l'allemand, fit une voix à la fois calme et moqueuse derrière elle. Tu es bien stupide dis-moi...
Miyuki se retourna. Suigintô était derrière elle, flottant à quelques centimètres du sol.
-T'étais où ? l'accusa Miyuki. C'est la première fois que je te vois depuis que je suis réveillée ! Je t'ai appelé en plus !
Suigintô désigna le miroir posé sur un petit buffet, et répondit de sa voix traînante:
-Je cherchais un passage vers le N-Field.
-Vers le quoi ? demanda Miyuki. Tu sais comment sortir d'ici ? Et libérer Lysandre ?
Suigintô soupira:
-Idiote, si il y avait un passage, je serais déjà sortie de cet ruine... Cette maison est très particulière, elle a l'air... d'avoir une âme... C'est complètement stupide ! En tout cas, les miroirs ne permettent pas d'accéder au N-Field...
-Je vois, fit Miyuki, qui ne comprenait rien à rien...
-Et concernant... ça (Elle désigna Lysandre), poursuivit la poupée, je me fiche éperdument de son sort, c'est sur toi que je dois veiller... Mais comme tu as la grande chance d'avoir une jeune fille d'origine allemande à tes côté, je m'abaisserais à traduire ceci...
-Qu'est-ce que ça veut dire ? questionna Miyuki avec impatience.
-Que "le temps cesse grâce moi, mais la magie qui casse cette malédiction n'est pas loin". Débrouille-toi avec ça, je vais chercher une sortie.
Miyuki fouilla sous les vieux fauteuils vert émeraude, tourna fébrilement les pages des quelques vieux grimoires soigneusement rangés dans une armoire, retourna des bibelots, fouilla toute la pièce. Au bout d'un moment, Suigintô pesta:
-Toutes les portes sont verrouillées, et il n'y a pas la moindre clef dans les environs !
-Je n'ai rien trouvé, se lamenta la jeune fille, rien pour sauvé Lysandre !
-Mais tu sais Miyuki... répondit Lysandre avec hésitation, sur le cadran de l'horloge, il y a une autre inscription en allemand...
Suigintô s'approcha du jeune homme en flottant toujours. Elle lu à voix haute l'inscription. Aussitôt l'horloge tomba en poussière et Lysandre redevint libre de ses mouvements. Miyuki commença à crier:
-Tu n'aurais pas pu le dire un peu plus tôt ? J'ai plein de poussière sur les doigts à cause de toi, et j'ai faillis abîmer ma manucure ! Tu imagines si j'avais abîmer mon déguisement ?!
Suigintô attrapa les épaules de Miyuki:
-C'est bon, ton déguisement de terrible-cartomancienne-trop-pas-has-been-super-tendance-de-la-morkitu n'a rien. On peut chercher un moyen de sortir ?
Tous les trois tournèrent sur eux-même. La pièce était circulaire, avec une trappe au centre du parquet, qui menait sans doute au sous sol, une trappe centre du plafond qui menait peut être au grenier, et quatre portes. Toutes ces issus étaient verrouillées.
Lysandre demanda d'une voix timide:
-Est-ce que nous sommes enfermés pour toujours ?
Suigintô appela Mei Mei, son esprit artificiel, qui se changea sur le champ en une splendide épée. Elle s'approcha d'une des portes choisie au hasard.
-On va essayer de passer par là, suggéra-t-elle, on reviendra ici si on ne trouve rien...
Elle enfonça l'arme dans le vieux bois de la porte, encore et encore, faisant voler des morceaux de sapin dans toute la pièce, jusqu'à créer une ouverture suffisamment grande pour permettre un passage.
Miyuki frémit, il lui semblait qu'à chaque coup d'épée, quelqu'un hurlait de douleur.
Enfin, Suigintô s'écarta du trou qu'elle avait taillé et lança:
-Les enfants, la porte est ouverte.